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← articles plus anciens 21 juin 2018 au mans, les étudiants de l’itemm inventent les instruments de musique de demain la guitare classique fabriquée par léo benoit (agathe charnet) deux cent cinquante heures de travail, réparties sur une année. c’est le temps qu’il aura fallu à léo benoit pour concevoir et fabriquer à la main sa guitare classique. bois de palissandre et acajou du honduras laqué, l’étudiant de 23 ans a minutieusement choisi chacun des détails et assemblé avec patience chacune des pièces, jusqu’à la pose finale des cordes. « sentez comme elle vibre, comme elle résonne, s’exclame t-il après avoir esquissé quelques accords. c’est à ça qu’on reconnait une guitare de luthier ! » la guitare électrique également conçue par léo benoit à l’itemm (agathe charnet) léo benoit est étudiant en dernière année de « brevet des métiers d’art (bma) technicien en facture instrumentale » – qui correspond à un baccalauréat de la filière métiers d’art – de l’option guitare de l’institut technologique européen des métiers de la musique (itemm) , au mans. après une formation en ébénisterie et trois années passées à l’itemm, le jeune homme vient de réaliser le dernier instrument de sa scolarité avant de se lancer sur le marché du travail. j’ai toujours aimé travailler le bois, depuis que je suis tout petit , explique ce passionné des pink floyd et du rock des années 1970. la lutherie c’était mon objectif. c’est le plaisir de la maîtrise de la matière, du toucher, du ressenti. et c’est tellement satisfaisant de voir naitre un instrument qu’on a fabriqué ». une incrustation de nacre réalisée sur une guitare par un étudiant de l’itemm (agathe charnet) en france, près de 1,6 million d’instruments de musique, neufs ou d’occasion, sont vendus chaque année, s elon le rapport d’évaluation de la facture française de la direction générale des entreprises paru en juin 2018 . la facture instrumentale française est un secteur de niche, privilégiant l’excellence du savoir-faire, qui rassemble 1 500 salariés. impulsé au début des années 1970 et officiellement créé en 1990, l’itemm est l’un des rare établissements français à accueillir parmi son offre de cursus un centre de formation d’apprentis (cfa) qui permet aux étudiants de de spécialiser dans la facture et réparation d’instruments. ils peuvent choisir entre quatre options : accordéon, instrument à vent, guitare et réparation et accordage de pianos, du niveau cap au bma. les mains légèrement tachées par la pâte de polissage et les yeux rivés sur sa pince coupante, lucrecia clausse, étudiante en première année de bma option instruments à vent, est justement en train de remettre à neuf une clarinette. un exercice que la jeune femme de 27 ans, originaire de buenos aires en argentine, prend très à coeur. « j’aime le travail manuel, c’est très gratifiant de voir les clients apprécier la qualité de ce que nous avons réalisé pour eux , confie t-elle au milieu du cliquetis des instruments et des coups de maillets qui résonnent dans l’atelier. dans l’atelier, lucrecia clausse remet à neuf une clarinette (agathe charnet) comme tous les élèves de bma, lucrecia effectue sa formation à l’itemm en alternance. c’est au sein de la prestigieuse maison parisienne lorée, spécialisée dans la fabrication de hautbois, qu’elle perfectionne son savoir-faire en parallèle à ses cours. lucrecia associe d’ailleurs son artisanat à une pratique musicale régulière. la plupart des étudiants de l’institut sont également musiciens. « jouer d’un instrument permet de mieux comprendre comment il peut sonner quand on le fabrique , constate t-elle. je suis inscrite en hautbois dans un conservatoire à paris et je vais intégrer un orchestre l’année prochaine ». un piano que les étudiants de l’itemm sont chargés de renover six mois après leur diplôme, environ la moitié des sortants de l’itemm sont en activité dans le secteur, selon les chiffres de l’année 2017. « en guitare, il est plus courant de travailler en magasin, de faire de la vente et de la réparation que d’être en atelier de fabrication , détaille tristan, 21 ans, étudiant en dernière année de bma, option guitare. le jeune homme, qui rêve d’ouvrir sa propre boutique, considère que, pour faire sa place dans « ce petit milieu », le plus important est de multiplier les contacts. « c’est un métier de passionnés et c’est cette passion qu’il faut suivre » dit-il. le tissu professionnel français de la facture instrumentale, spécialisé dans l’artisanat et le haut de gamme, est en effet concurrencé par l’importation d’instruments moins onéreux, produits souvent en série en allemagne, en chine et en indonésie. les futurs luthiers et artisans de la musique français doivent donc se préparer à exporter leur savoir-faire sur le marché mondial s’ils veulent se dédier exclusivement à la fabrication à la pièce. diane gourju, apprentie à l’itemm « il existe d’autres débouchés que la rénovation et l’accordage, ajoute diane gourju, en première année de bma option piano. par exemple, j’aimerais beaucoup travailler sur des concerts, échanger avec le pianiste au préalable pour accorder le piano selon ses envies, créer une relation de confiance avec les artistes ». dans le cadre de son projet de fin d’études, diane travaille à la modification d’un piano. « je suis en train d’essayer d’ajouter une quatrième corde sur chaque note au lieu de trois, dit-elle. cela permet de créer un piano oriental ». une école de l’écoute et de la patience, qualités indispensables à tout apprenti luthier ou accordeur. « dans le cas du piano, il y a quatre-vingt huit touches. il faut donc tout penser par quatre-vingt huit pour que le piano sonne juste », s’amuse t-elle. les apprentis de l’itemm, nouvelle génération de concepteurs d’instruments, sont encouragés par l’équipe pédagogique à utiliser les nouvelles technologies afin d’innover au quotidien dans leur apprentissage. secondés par le pôle d’innovation pour l’artisanat, intégré à l’établissement depuis 2001, les étudiants troquent parfois leurs marteaux et leurs chalumeaux contre des imprimantes 3d pour réaliser des prototypes et perfectionner comme inventer de nouveaux instruments. un ancien étudiant de l’itemm, jérôme wiss, a ainsi mis au point une trompette innovante, adoptée par la musicienne lucienne renaudin-vary, récompensée par une victoire de la musique en 2016. lucrecia clausse, pour sa part, travaille d’arrache pied sur le projet qui finalisera sa formation à l’itemm : la réalisation d’un « cervelas », un instrument à anche utilisé dans la musique baroque, qu’elle souhaite remettre au gout du jour. « j’aime essayer de nouveaux matériaux, penser à l’ergonomie, à ajouter une note, détaille t-elle. dans le futur, j’adorerai participer à la création ou à l’amélioration d’un nouvel instrument ». publié dans actualité , musique | marqué avec facture instrumentale , itemm | un commentaire 04 juin 2018 « le combat c’est de se donner la possibilité d’exister » : être un jeune acteur noir ou métis en france, en 2018 le manifeste noire n’est pas mon métier (seuil, 2018) appelle à la prise de conscience du racisme latent dans le cinéma et le théâtre français « il y a deux ou trois ans, j’ai été appelée pour passer un casting. il s’agissait d’interpréter une étudiante qui, pour payer ses études, travaille comme gogo-danseuse dans un bar de nuit. je prépare le rôle et j’apprends mon texte quand je reçois un appel de la directrice de casting : « finalement, tu ne vas pas auditionner pour le rôle. la production trouve que ça fait trop. noire et gogo-danseuse ». ce récit de léna, comédienne de 29 ans, aurait pu trouver sa place au sein du manifeste noire n’est pas mon métier (seuil, 2018) rédigé à l’initiative de l’actrice aïssa maïga. seize comédiennes, noires et métisses, de toutes générations, y racontent sans concession les remarques humiliantes, les rejets sans appel et les aberrations sexistes suscités par la couleur de leur peau dans les milieux du cinéma et du théâtre français. si le mani